Les lions du Kalahari ne connaissent pas les frontières
Posted on August, 01 2000
Les lions du Kalahari, fameux pour compter de nombreux individus à crinière noire, ont tendance à élargir leur aire de distribution. Et il n'est pas rare que photographes animaliers et autres amoureux de la grande faune doivent suivre ces fauves adaptés aux dures conditions du désert jusqu'à l'extrême sud du Kalahari.
Parc transfrontière de Kgalagadi, Afrique du sud: Peu nombreux sont ceux qui savent que le Kalahari est la plus vaste étendue de sable de la planète, reliant sans interruption le Congo, au nord de l'Equateur, et la rivière Gariep, en Afrique du Sud. Dans sa partie septentrionale surtout, la pluie est rare et les points d'eau naturels quasiment inexistants. Pourtant, des plantes, des animaux et les derniers chasseurs-cueilleurs San ou Bushman se sont adaptés de manière incroyable à cette nature hostile.Heureusement, ce désert est protégé par deux immenses réserves de faune, le Parc national de Kalahari (KGNP), au Botswana, et le Parc national de Gemsbok, en Afrique du Sud, récemment réunis en un seul parc transfrontière, baptisé Kgalagadi. Le lion du Kalahari est indiscutablement le locataire vedette de cette zone d'un seul tenant et d'une superficie de 80 000 kilomètres carrés.
Il y a peu, on estimait que seuls 120 lions vivaient encore dans l'ancien KGNP, ce qui laissait craindre le pire pour cet animal, d'autant que les conflits avec les éleveurs de bétail en bordure de l'aire protégée étaient récurrents. En septembre 1996, un groupe de 17 lions avait ainsi quitté le parc et franchi la frontière namibienne pour se retrouver sur des terres agricoles où treize d'entre eux furent abattus. Pour tragique qu'il fût, ce massacre signifia le début d'un projet unique en son genre.
En Afrique du Sud, les deux seules populations viables de lions sont celles du Kalahari et du Parc national Kruger. Les caractéristiques démographiques et biologiques des lions du Kalahari pourraient être d'une valeur incomparable et fournir des éléments importants pour leur survie. C'est pourquoi les scientifiques ont cherché à en savoir davantage sur leur pool génétique ainsi que sur les conséquences des conflits avec les fermiers pour le maintien à long terme de la population.
Cet ambitieux projet a servi de test en matière de coopération transfrontalière. Le libre passage d'un pays à l'autre était essentiel pour les chercheurs, de même que la possibilité de bénéficier de temps de vol pour recenser les lions par air. Le financement a été assuré conjointement par le Green Trust - un partenariat entre le WWF-Afrique du Sud et la Nedbamk - et l'Endangered Wildlife Trust, avec l'aide logistique du Département de la faune sauvage et des Parcs nationaux du Botswana. Le Dr Paul Funston, biologiste et spécialiste des lions, a été chargé de conduire le projet.
A l'heure actuelle, Paul Funston travaille sur le terrain avec son GPS (Global Positioning System) afin de pouvoir enregistrer, dans un rayon de trente mètres, la position de chaque lion localisé. C'est précisément au niveau de la localisation des lions que des techniques et des aptitudes supplémentaires ont été nécessaires, en l'occurrence celles, vieilles de plus de 100 000 ans, propres au savoir traditionnel des San. C'est ainsi que deux traqueurs San accompagnent régulièrement le biologiste et l'aident à collecter les informations voulues.
Le recensement initial a concerné 4 000 kilomètres carrés du parc. Depuis, les travaux de recherche se sont concentrés sur quatre zones clés. Quelques lions ont par ailleurs été équipés de colliers-émetteurs, et suivis par air.
"Nous pensons être arrivés au point où nous connaissons chacun de ces lions lorsque nous les rencontrons," raconte Paul Funston. "Selon notre analyse, nous pensons que la population totale de ces félins dans le parc pourrait s'élever à 450 individus. Je suppose que nous serons en mesure d'affirmer, à la fin du projet, que si le nombre de lions tués par les fermiers reste compris entre 20 et 30 spécimens, cette population sera viable."
Cela signifierait alors que le Parc transfrontière de Kgalagadi pourrait abriter la population de lions la plus saine de toute l'Afrique australe.
En plus d'offrir une solide base pour le suivi à long terme du lion du Kalahari, cette étude montre à quel point il est important de laisser des espaces suffisamment vastes au roi des animaux africains, si l'on veut assurer sa survie.
(Cet article a été publié dans Africa - Environment and Wildlife)
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* Greg Laws a travaillé pour le Green Trust avant de rejoindre le WWF-Afrique du Sud, où il est responsable du programme pour les zones humides et la forêt de Sappi, dans le KwaZulu-Natal.
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