Posted on January, 01 2000
Son aire de répartition va de la Terre de Feu jusqu'au Venezuela, en passant notamment par l'Argentine, le Chili et la Colombie. Il est diurne et, comme les vautours dont il est un cousin, se nourrit de cadavres d'animaux.
Une bonne partie des Andes a été inclue par le WWF dans les "Global 200", les éco-régions que l'organisation environnementale considère comme les plus importantes dans le monde et dont la protection est vitale pour la survie d'innombrables espèces d'animaux et de plantes. Le condor est pour sa part l'une des espèces phares du programme de conservation pour cette éco-région, auquel le WWF participe en Colombie et au Pérou, et ses organisations associées Fundación Natura en Équateur et FUDENA au Venezuela. La survie du condor est en effet liée à la sauvegarde de l'écosystème montagnard dont il dépend.
Au cours des dernières décennies, cet oiseau a souffert de la croissance démographique dans les Andes. La coupe de bois de chauffe a eu un effet dévastateur sur les petites forêts, habitat naturel des proies du condor. De plus, ce dernier inspire une crainte superstitieuse aux résidents locaux, qui lui attribuent des enlèvements d'animaux domestiques et même d'enfants.
"À cause de ces légendes, beaucoup de condors ont été abattus", explique Diego Diaz Martin, coordinateur du WWF pour l'éco-région des Andes septentrionales. Or, en vérité - et à moins que sa curiosité ne soit particulièrement excitée - le condor évite plutôt les contacts avec l'espèce humaine.
Les populations de condors les mieux préservées se trouvent au Chili et en Argentine, des pays qui possèdent des régions de montagne encore intactes. Au Pérou et en Bolivie, le condor n'est pas en danger pour le moment, mais la croissance démographique pourrait changer ce statut. En revanche, en Équateur, ses effectifs sont tombés à un niveau critique, qui demande l'adoption de mesures urgentes.
La situation est pire encore au Venezuela. Selon Maria Rosa Cuesta, biologiste et responsable du Programme de repeuplement du condor dans ce pays, l'espèce était considérée comme éteinte dans les années 1980, même si l'un ou l'autre spécimen avait été aperçu ici ou là. Le programme de repeuplement a démarré en 1993 avec des oiseaux en provenance des zoos de Los Angeles et San Diego, aux Etats-Unis. Le projet est dirigé par la Fundación Bioandiana, en collaboration avec d'autres organisations. Trois couples par an seront relâchés au cours des cinq prochaines années et leur évolution soigneusement suivie. Le but ultime est de sauvegarder l'espèce dans la région.
Mais ce programme a des ennemis. En effet, les condors sont remis en liberté dans une partie des Andes qui est protégée par les parcs nationaux de Sierra Nevada et de Sierra de la Culata, dans l'Etat de Merida, au Venezuela. Or, Mucuchies, une localité très proche de ce secteur, est dirigée par un maire farouchement hostile à ces oiseaux, et qui encourage ses administrés à les tuer.
"Un autre facteur qui joue contre la survie des condors est leur très lente faculté à se reproduire", souligne Maria Rosa Cuesta. "Ces oiseaux atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de huit ans et une femelle ne pond qu'un �uf par an, qui est couvé par le couple durant 56 jours." De plus, les jeunes condors ne deviennent indépendants qu'après une année.
Heureusement, les efforts en faveur de cet extraordinaire oiseau se multiplient et de plus en plus de gouvernements locaux, d'organisations et d'individus reconnaissent désormais la nécessité de le préserver. En Colombie, par exemple, les populations de condors ont doublé au cours des dernières années. Au Venezuela, les oiseaux réintroduits se portent plutôt bien. Reste qu'il y a encore un pas à franchir avant de voir les condors planer en nombres suffisants pour que leur survie à long terme ne soit plus menacée.
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* Juan Ignacio Cortinas est un journaliste vénézuélien spécialiste de l'environnement.