Arrêt définitif de la pêche des raies et des requins dans un parc national en Mauritanie

Posted on January, 21 2004

Nouakchott, Mauritanie - Un accord définitif pour la cessation de toute pêche ciblée des raies et des requins en Mauritanie a été conclu le 20 décembre 2003 entre les délégués des populations riveraines du Parc National du Banc d'Arguin (PNBA) et la Direction dudit parc. Le WWF y voit une source d'espoir pour l'avenir des espèces marines menacées en Afrique de l’Ouest. 
 
La pêche des raies et des requins s'est développée en Mauritanie à la fin des années 1980 et au cours des années 1990 pour alimenter le lucratif marché international des ailerons (nageoires) de requins et de raies, en pleine expansion. Les ailerons de requins sont notamment prisés pour leur valeur culinaire en Extrême-Orient. Il s'agit de l'un des produits de pêche les plus chers au monde et leur prix peut dépasser 500 dollars US le kilo.
 
Ce type de pêche est ainsi devenue l'activité principale des Imraguen, populations riveraines du PNBA, au détriment de la pêche traditionnelle des espèces tels que les mulets et les courbines. Cette situation a eu pour conséquence la surexploitation des raies et requins faisant planer de graves menaces sur l'avenir de ces espèces. Au cours des dix dernières années , le Parc National du Banc d'Arguin , avec l'appui technique et financier de la FIBA (Fondation Internationale du Banc d’Arguin), du WWF, de l’UICN, et d’autres partenaires, a conduit trois projets successifs destinés, entre autre, à étudier les zones de pêche des requins, tester les voies possibles de reconversion des pêcheurs vers les poissons à écailles (mullets, courbines), et enfin renforcer la maîtrise de la filière pêche par les Imraguen, sans oublier le processus de gestion des ressources halieutiques par les différents partenaires. 
 
Aujourd'hui, les Imraguen, se tournent à nouveau vers les espèces qu'ils pêchaient traditionnellement (courbines, mulets). De même, les villages s'organisent en coopératives pour mieux valoriser les produits de leur pêche.

« Nous cherchons à atteindre un système de gestion durable de la pêche, et l’arrêt de la pêche des raies et des requins constitue un pas très important qui nous mène dans la bonne direction » s’est réjoui Mathieu Ducrocq, un des Responsables de la FIBA, chargé de promouvoir la pêche durable auprès des populations locales. Quant au Chargé du programme marin du WWF pour l’Afrique de l’Ouest, le Dr Papa Samba Diouf, il a exhorté les Etats membres de la Commission Sous Régionale des Pêches (C.S.R..P), ainsi que tous les autres acteurs de la pêche en Afrique de l’Ouest à suivre cet exemple courageux qui profite tant aux populations qu’aux espèces menacées . 
 
Créé, en 1976 par le gouvernement mauritanien, le Parc National du Banc d'Arguin, a été reconnu, en 1982, comme zone humide d'importance internationale (Convention de Ramsar) et déclaré, en 1989, site du patrimoine mondial (Programme de l'UNESCO).Ce milieu unique, qui abrite d’importantes populations d'oiseaux d’eau (goélands, échasse blanches), de poissons, d’invertébrés (crabes, crevettes) et de mammifères marins (dauphins, phoque moine), longe le littoral mauritanien sur plus de 180 km, et couvre une superficie de 12 000 km2 composée à parts presque égales de zones maritimes et terrestres.
 
Pour toute information complémentaire
 : 
Mathieu Ducrocq
Conseiller technique, pêche durable, FIBA
Tél.: +222 529 18 09

Lyne Larochelle
Chargée de communication, WWF Afrique de l’Ouest
Tél.:+ 221 869 37 00
Imraguen fishermen on their boat, Banc d'Arguin National Park, Mauritania.
© WWF / Mark Edwards
Specialised shop selling sharks' fins, Beijing, China.
© WWF / Michel Gunther