Les marais de la Cienaga de Zapata bénéficient d'un programme d'éducation de la population

Posted on marzo, 22 2002

La protection des marais est depuis longtemps l'une des priorités du gouvernement cubain. Désormais, les programmes d'éducation tels que le club des "amis des oiseaux" lui donnent un nouvel élan.
Santo Tomás, Cuba � La Gallinela de Santo Tomás, ou râle de Zapata, est un drôle d'oiseau. Principalement marron et gris, avec un bec vert et des pattes rouges, ses ailes sont si petites qu'il peut à peine voler. Cet oiseau, endémique aux marais de la Cienaga de Zapata à Cuba, suscite depuis peu un intérêt particulier parmi les enfants du village.

Dans le village de Santo Tomás, le club des "amis des oiseaux" se réunit régulièrement afin d'étudier la gallinela, ainsi que 160 autres espèces qui vivent dans cet écosystème unique abritant 18 des 22 espèces endémiques de Cuba. Les enfants de Santo Tomás apprennent qu'ils partagent cette partie du monde avec la perruche de Cuba, la colombe à tête bleue, le zunzuncito ou colibri-abeille, plus petit oiseau du monde, et le richement coloré tocororo - l'emblème national de Cuba.

Le club des "amis des oiseaux" est l'un des nombreux projets de la population locale d'éducation sur l'environnement, mis en place dans la région dans le cadre d'un programme de gestion et de conservation des marais plus vaste, financé en partie par le WWF en partenariat avec les agences gouvernementales cubaines.

La péninsule de Zapata, en forme de chaussure, se trouve à quelque 160 km au sud-est de La Havane et s'étend à l'est et à l'ouest de la Baie des Cochons. La zone située à l'ouest de la baie est une réserve nationale de biosphère et constitue le marais le plus grand et le mieux protégé des Caras. Le pays a désigné les 600 000 hectares de la Cienaga de Zapata comme réserve lorsqu'il a signé la convention de Ramsar en 2001. Cette zone est peu habitée ; environ 9 000 personnes sont dispersées dans de petits villages semblables à Santo Tomás et les étendues occidentales sont inhabitées. Traditionnellement, l'occupation principale des cianagueros, les habitants du marais, était la fabrication du charbon de bois et ce n'est qu'à la révolution que la zone a été rendue accessible au reste de l'île. De nos jours, les habitants de cet écosystème d'une diversité très riche se consacrent principalement à la pêche, à la chasse, et de plus en plus, à l'écotourisme.

La Cienaga de Zapata, dont la population humaine se fait rare, abrite plus de 900 espèces florales, 31 espèces de reptiles et 12 espèces de mammifères dont le jutía pygmée, un rongeur endémique. L'écosystème varié comprend également des herbiers de marais, des mangroves impénétrables et de denses forêts marécageuses de marabú.

Certains parcs nationaux existaient déjà à Cuba avant la révolution, mais ils étaient peu réglementés et financés. Alors que le gouvernement révolutionnaire a considéré très tôt la conservation de l'environnement comme une priorité, ce n'est qu'en 1980 qu'une législation effective a été introduite et que plusieurs réserves naturelles ont été créées sur l'île. En 1985, le travail de l'UNESCO, en collaboration avec Cuba, pour sélectionner des sites, collecter des données sur la biodiversité et classer les zones de conservation par ordre de priorité, a permis d'insuffler une nouvelle dynamique en faveur de la conservation. En 1991, un nouveau système de zones protégées a été mis en place et 12 pour cent du territoire de Cuba ont été déclarés protégés presque du jour au lendemain.

Bien que le pays manque de ressources adéquates et de personnel formé, il est à juste titre cité comme un bon élève en matière de politique environnementale. Au sommet de Rio de 1993, Cuba était l'un des deux pays à recevoir la note A+ pour la mise en �uvre de pratiques de développement durable. En 1997, une nouvelle loi sur l'environnement a été votée et a renforcé les structures et politiques existantes. Le système de protection actuellement en place couvre 30 pour cent de l'île, y compris sa plate-forme marine. Les zones protégées comprennent 14 parcs nationaux et quatre réserves de biosphère, la plus grande étant la Cienaga de Zapata.

Les politiques remarquables de Cuba en matière d'environnement ont attiré des fonds internationaux de plusieurs organisations qui s'efforcent d'apporter une partie des ressources humaines et technologiques nécessaires. Le WWF a été l'un des premiers à fournir des ressources au pays, et il est engagé depuis quinze ans dans la planification de la conservation d'un réseau sélectionné d'écorégions cubaines dont font partie les zones humides. Aujourd'hui, avec l'aide de l'Agence canadienne de développement, le WWF a formé un partenariat avec la principale agence gouvernementale de conservation, le Centre national pour les zones protégées (Centro nacional para las areas protegidas - CNAP) afin de mettre en �uvre un programme de conservation, doté d'un million de dollars sur 6 ans, pour les marais de la Cienaga de Zapata.

L'éducation environnementale au niveau de la population fait partie intégrante du programme. Situé à proximité de l'entrée du parc, le centre d'éducation à l'environnement abrite un petit musée proposant une maquette à l'échelle du parc ainsi que sa flore et sa faune les plus représentatives. Les habitants du site, ainsi que les guides, les dirigeants et le personnel des agences de tourisme peuvent suivre des cours sur l'environnement dans plusieurs salles de classe accolées au musée.

Le ministère de l'Éducation est également impliqué : les écoles des villages dispensent des enseignements sur l'environnement dans le cadre du cursus traditionnel. Les clubs et activités extrascolaires, tels que le club des "amis des oiseaux" des enfants de Santo Tomás permettent de faire passer le message en dehors de l'école.

Le succès du programme des marais de Zapata a encouragé des initiatives similaires dans d'autres parties de l'île. Tandis que la Cienaga de Zapata est le marais cubain le plus grand et le mieux connu, les marais couvrent 20 pour cent de l'archipel. Le WWF soutient également un projet visant à identifier de nouveaux sites Ramsar. Quatre sites ont été identifiés jusqu'à présent. Chacun a ses propres caractéristiques, mais le modèle d'éducation à l'environnement et la forte implication de la population locale qui ont fait leurs preuves dans les marais de Zapata, servent de référence. Dans chaque village de zone humide à Cuba, il est probable qu'il y ait de jeunes "amis des oiseaux".

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*Claudia Lightfoot, enseignante, écrivain et traductrice de littérature cubaine, habite à La Havane.