Les peintures antisalissures polluent les mers, le WWF teste des alternatives non toxiques

Posted on marzo, 02 2000

A quelques jours d'une importante réunion de l'Organisation maritime internationale (OMI), le WWF a lancé aujourd'hui à Brême (Allemagne) un nouveau projet destiné à tester, sur les coques des gros navires, des peintures antisalissures non toxiques, et notamment exemptes de tributylétain (TBT).
Gland, Suisse - A quelques jours d'une importante réunion de l'Organisation maritime internationale (OMI), le WWF a lancé aujourd'hui à Brême (Allemagne) un nouveau projet destiné à tester, sur les coques des gros navires, des peintures antisalissures non toxiques, et notamment exemptes de tributylétain (TBT).

Comme de nombreuses études scientifiques l'ont déjà démontré, le TBT pollue les océans et les mers du globe, contaminant la faune de ces écosystèmes, y compris de nombreuses espèces de poissons prisées par l'industrie de la pêche. Malgré cela, le TBT continue d'être largement utilisé dans les peintures antisalissures (1).

Le projet du WWF consiste à appliquer des peintures ne contenant aucune substance biocide sur la coque de 25 bateaux, parmi lesquels des cargos, des paquebots et des bâtiments de recherche scientifique opérant en mer du Nord, dans la Baltique, en Méditerranée, ainsi que dans l'océan Atlantique. Les coques seront peintes soit intégralement, soit partiellement, sous la forme de bandes parallèles. Le projet est en partie financé par la Fondation fédérale allemande pour l'environnement (Deutsche Bundestiftung Umwelt) et bénéficie de la collaboration d'armateurs, de compagnies maritimes et de fabricants de peintures.

"Nous devons absolument disposer d'alternatives à la fois efficaces et respectueuses de l'environnement, si nous voulons que les flottes du monde entier renoncent aux peintures antisalissures à base de TBT et d'autres substances biocides dangereuses", explique le Dr Georg Schwede, directeur du WWF-Allemagne. "Le TBT est connu pour perturber le système endocrinien. D'importantes quantités de ce produit chimique ont été retrouvées dans des espèces de poisson commercialisées, ce qui constitue un risque pour la santé humaine."

Les peintures alternatives seront testées en condition normale de navigation. Les différentes applications seront analysées et comparées par des experts scientifiques. Pour le WWF, cette approche très pratique devrait permettre aux peintures sans biocides de recevoir un accueil favorable (2).

"Ce projet pourrait être une étape décisive dans le développement et, surtout, l'utilisation concrète de de traitements non toxiques contre les salissures qui se fixent sur la coque des bateaux", estime Fritz Brickwedde, secrétaire général de la Fondation fédérale allemande pour l'environnement.

En 1998, le Comité pour la protection de l'environnement marin de l'OMI avait accepté une résolution instaurant l'interdiction volontaire des peintures à base de TBT dès 2003 (3). Les dispositions légales nécessaires à l'entrée en vigueur d'une telle interdiction seront discutées la semaine prochaine (6-10 mars) à Londres.

Pour tout renseignement complémentaire:

Dr Sabine Otto, WWF Allemagne, tél.: +49 421 658 46 15 ; email: otto@wwf.de (allemand/anglais)

Gabriele Kranz, WWF Allemagne, tél.: +49 421 658 46 18; e-mail: kranz@wwf.de (allemand/anglais)

Olivier van Bogaert, WWF International, tel.: +41 22 364 9554; e-mail:ovanbogaert@wwfnet.org

NOTES

1. Les peintures antisalissures sont appliquées sur la coque des bateaux afin d'empêcher que mollusques, crustacés, coquillages et algues ne collent à celle-ci.

2. Les peintures antisalissures sans biocides testées dans le cadre du projet du WWF sont basées sur des procédés physiques. Diverses méthodes sont utilisées: revêtement lisse (empêchant toute adhérence), "auto-polissage" (dissolution progressive d'une substance non toxique, décollant ainsi les organismes accrochés à la coque), ou encore peinture "imitant" la peau du phoque. Dans ce dernier cas, il s'agit d'un tapis très dense de minuscules fibres que les mouvements de l'eau agitent en permanence, créant un effet autonettoyant. Enfin, des études supplémentaires permettront de déterminer si, dans certaines régions, les peintures antisalissures sont vraiment nécessaires.

3. En 1989, le recours aux peintures antisalissures à base de TBT a été interdit dans les pays de l'Union européenne pour les bateaux de moins de 25 mètres de longueur. La plupart des voiliers, yachts et autres embarcations destinées à la navigation de plaisance ont été concernées par cette mesure.