Des revenus pour la nature et les communautés

Posted on 13 octobre 2020

Depuis 2017, le WWF a mis en place un programme de soutien aux communautés gestionnaires des ressources naturelles du Corridor Marojejy- Anjanaharibe Sud - Tsaratanana (COMATSA), au nord de Madagascar.
Pour améliorer la résilience des populations et des écosystèmes, un total de sept organisations communautaires sont appuyées. Agriculture climato-intelligente et culture de rente durable, épargne communautaire et mise en lien avec le secteur privé pour intégrer les communautés dans les chaines de valeur durables sont en place depuis 2017. 

Il faut comprendre que l’agriculture traditionnelle, basée sur une exploitation pluviale, est très dépendante du climat, ce qui laisse les paysans à la merci de tout bouleversement climatique. De l’autre côté, la culture de rente climato-intelligente, l’agroforesterie et les nouvelles techniques de riziculture assurent que les familles aient des revenus diversifiés et pérennes durant l’année. Ce sont des solutions plus intéressantes car le choix des cultures et les variétés choisies sont adaptés au calendrier des cultures. Ceci réduit les manques liés aux périodes de soudure. Le choix des cultures de rente à forte valeur ajoutée comme la vanille fait vivre des familles et des communautés. Le fait que les agriculteurs travaillent dans les filières certifiées et avec les collecteurs leur assure des revenus durables. Surtout qu’ils sont formés pour optimiser la qualité et la valeur des produits qui sont labellisés. À ce jour, 41% des ménages issues des sept communautés de bases appuyées par le WWF ont adopté des techniques agricoles adaptées au changement climatique.

Ensuite, la mise en place de structures d’épargne communautaire dans les villages et les communes permet la thésaurisation. Les fonds ainsi épargnés sont réinvestis dans la conservation de la forêt : mise en place de pépinières pour les jeunes plants, financement de patrouilleurs communautaires pour surveiller les forêts, production de panneaux d’interdiction et d’information, conduite d’activités de reboisements … Dans une région où la culture itinérante sur brûlis et la coupe sélective est le premier réflexe durant les périodes de soudure, assurer un mécanisme de financement durable pour soutenir la gestion durable des forêts est critique. Pour Damien, patrouilleur communautaire à Ambodimanga-Ambavala, aux alentours du COMATSA, « les forêts nous sont chères et nous sommes conscients des répercussions de la déforestation sur notre agriculture et notre mode de vie ».

Depuis 2017 donc, des organisations communautaires locales ont des plans de gestion durable pour la protection de quelques 50 000 ha de forêts sur le versant est de COMATSA.  Ces plans intègrent la mise en place de pépinières avec des objectifs annuels de reboisement et de restauration de forêts dégradées. Ils contiennent également les règlementations communautaires, « dina » liées au braconnage et autres activités illégales qui détruisent la forêt. Les communautés ont également des plans de patrouilles, où les patrouilleurs communautaires font la surveillance et suivi de leurs forêts avec l’appui de l’outil SMART et des autorités. « L’harmonisation de ces outils de suivi a pour avantage de permettre à tous les gestionnaires d’aires protégées de prendre les mesures de gestion appropriées et d’évaluer leur performance de gestion tant au niveau local qu’international », explique Rasolozaka Tojo du WWF. Les efforts des communautés ne sont pas vains malgré les difficultés. En effet, la déforestation au sein du COMATSA est passée de 4.222 ha en 2018 à 1.798 ha en 2019 selon les résultats des analyses d’images satellites (WWF).